Investissements Agritech et Foodtech : tendances, baisses et signaux de reprise en France et en Europe (2021-2025)
- sarah-flandin
- 2 oct.
- 6 min de lecture

Le financement des startups Agritech et Foodtech a connu un retournement marqué entre 2021 et 2024. Après une période d’euphorie où la France dépassait les 668 M€ levés en 2022, les montants sont tombés à 494 M€ en 2023 puis 315 M€ en 2024. La tendance n’est pas isolée : partout dans le monde, les investisseurs se montrent plus sélectifs et exigent des preuves de traction avant d’engager des capitaux. Mais la France semble décrocher plus vite que ses voisins européens, freinée par les défaillances de plusieurs acteurs emblématiques et un tri plus strict des projets.
Agritech et Foodtech : pourquoi les investisseurs sont passés de l’euphorie à la prudence ?
Un secteur en forte croissance jusqu’en 2021-2022
La Foodtech et l’Agritech ont longtemps attiré les capitaux. Entre 2019 et 2021, les montants levés en France ont atteint des niveaux records : en 2022, 46 startups françaises ont levé au total 668 M€. Les investisseurs pariaient sur la capacité des startups à répondre à des enjeux stratégiques : mieux nourrir une population croissante, réduire l’impact environnemental de l’agriculture et digitaliser la chaîne alimentaire.
Pourquoi la conjoncture a changé depuis 2023 ?
Depuis 2023, la dynamique s’est nettement ralentie. La hausse des taux d’intérêt, l’inflation, les coûts de l’énergie et la prudence générale du capital-risque ont refroidi les investisseurs. Les financements se sont concentrés sur des entreprises capables de prouver rapidement leur rentabilité, au détriment des jeunes pousses encore en phase d’expérimentation.
Une tendance mondiale, amplifiée en France
La contraction touche l’ensemble du marché mondial, mais la France a été plus impactée que d’autres pays européens. Selon les dernières données DigitalFoodLab, la chute des levées de fonds y est plus forte qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni. La France est passée en quelques années d’un marché en forte croissance à un terrain jugé risqué par de nombreux investisseurs, accentuant le tri entre projets solides et modèles jugés trop fragiles.
Levées de fonds Agritech et Foodtech 2022-2025 : chiffres clés et évolution du marché
Montants levés et évolution par rapport aux années précédentes
En 2023, les startups françaises de la Foodtech ont levé 494 millions d’euros. En 2024, les levées reculent encore pour atteindre 315 millions d’euros, confirmant la contraction du marché. Les investisseurs privilégient la sécurité et les projets déjà validés.
Nombre de deals et taille moyenne des tours
Le nombre d’opérations reste élevé mais les tickets ont changé. Les gros tours supérieurs à 50 millions d’euros se font rares. Ce sont désormais les levées intermédiaires (entre 10 et 50 millions) qui dominent, représentant environ 70% des montants investis en 2024 selon KPMG. Les petits tours de seed existent encore, mais leur part recule, signe que les fonds attendent plus de maturité avant d’entrer au capital.
Répartition par stade de maturité : seed, série A, série B+
Les startups de 6 à 10 ans concentrent la majorité des financements. Les jeunes projets en amorçage, eux, peinent à convaincre. Ce recentrage vers des acteurs matures traduit une volonté claire : réduire le risque et financer ceux qui ont déjà prouvé leur capacité à générer des revenus.
Répartition sectorielle : biosolutions, protéines alternatives, robotique, digitalisation
➜ Les biosolutions agricoles (biocontrôle, biostimulants, intrants naturels) sont les grands gagnants : près de 94 millions d’euros levés en 2024, un bond inédit.
➜ Les protéines alternatives, longtemps stars du marché, attirent moins. La rentabilité peine à suivre, avec des exemples comme Ynsect qui ont refroidi certains investisseurs.
➜ La robotique et l’automatisation séduisent, notamment pour répondre aux pénuries de main-d’œuvre et aux besoins de productivité.
➜ La digitalisation de la chaîne alimentaire continue d’attirer, mais les projets doivent montrer une vraie traction commerciale pour espérer lever.
Répartition géographique des investissements en France
L’Île-de-France reste la première région pour les levées de fonds, grâce à la concentration d’investisseurs et d’incubateurs. Mais on observe aussi des opérations significatives en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, deux territoires dynamiques sur les thématiques agricoles et agroalimentaires.
Pourquoi les levées de fonds Foodtech et Agritech ralentissent depuis 2023 ?
Contexte économique et macroévolutions
Depuis 2023, l’environnement économique a changé. La hausse des taux d’intérêt a réduit l’appétit pour le risque. Les investisseurs privilégient des placements plus sûrs, alors que les startups Foodtech et Agritech demandent souvent du temps avant d’atteindre la rentabilité. L’inflation et les coûts énergétiques ont aussi pesé sur la trésorerie des jeunes entreprises, rendant leur modèle moins attractif aux yeux des fonds.
Fin de l’ère des mégadeals
Les fonds préfèrent soutenir des levées plus modestes, fractionnées et ciblées. Cette absence de gros deals explique en grande partie la baisse globale des montants investis.
Montée des exigences en matière de rentabilité et de traction
Lever des fonds sur un simple concept n’est plus possible. Les investisseurs attendent des preuves concrètes : clients signés, chiffres de croissance, marges positives à moyen terme. Les projets qui n’affichent pas rapidement une trajectoire viable sont écartés. Ce tri renforce la pression sur les fondateurs et explique la difficulté pour les jeunes pousses d’accéder au capital.
Où vont les capitaux en 2024 : secteurs porteurs et signaux de résilience ?
Les tours intermédiaires (10–50 M€) deviennent la norme
On le voit sur la structure des deals : la tranche 10-50 M€ concentre désormais ~70% des montants et progresse d’environ +40 % sur un an. Les gros tickets >50 M€ ont disparu, les petits tours reculent en valeur. Les fonds sécurisent leur risque en misant sur des tours "scalables" avec preuves de marché.
Biosolutions et biotechs agricoles : la traction s’accélère
Cap sur les biosolutions (biocontrôle, biostimulants, intrants alternatifs) : 94 M€ en 2024, soit une hausse marquée et une part portée à ~30% des investissements du secteur.
Message envoyé : priorité aux solutions à impact opérationnel et réglementaire clair.
Robotique et automatisation : répondre au manque de main-d’œuvre et aux gains de productivité
La robotique et l’automatisation reprennent de la vigueur, tirées par des cas d’usage terrain (viticulture, protection des cultures, traction agricole) et quelques levées visibles citées dans les bilans 2024. C’est un pari lisible pour les fonds : ROI, capex maîtrisés, déploiement par filière.
Perspectives 2025-2026 : quelles opportunités pour les startups Agritech et Foodtech ?
Les conditions d’une stabilisation du marché
La contraction des levées observée en 2023 et 2024 ne peut pas durer éternellement. Les analystes s’attendent à une stabilisation progressive à partir de 2025, avec un redémarrage plus net en 2026. Pour que cela se concrétise, il faut deux éléments : une amélioration macroéconomique (taux d’intérêt et coût de la dette) et des preuves que les modèles Foodtech et Agritech peuvent générer des revenus stables.
Ce que recherchent les investisseurs aujourd’hui
Les fonds veulent des startups solides, capables de prouver rapidement leur traction et leur capacité à générer du cash. Les critères les plus cités sont :
➜ un marché adressable clair et en croissance,
➜ une rentabilité démontrable à moyen terme,
➜ une équipe expérimentée,
➜ un positionnement aligné avec les politiques publiques et la transition écologique.
Les stratégies gagnantes pour les startups
Dans ce contexte, les fondateurs qui réussissent leur levée adoptent plusieurs approches :
➜ avancer par paliers, avec des levées intermédiaires plutôt que de viser un gros tour,
➜ sécuriser des partenariats industriels pour prouver la valeur terrain,
➜ miser sur des segments visibles (biosolutions, robotique, supply chain digitalisée),
➜ diversifier les financements en combinant capitaux privés, subventions et corporate venture.
Le rôle croissant des financements publics et corporate
Le financement public va continuer de jouer un rôle clé, notamment via le plan France 2030 et les guichets européens. Les grands groupes de l’agroalimentaire et de l’agriculture renforcent aussi leurs prises de participation. Cela crée une dynamique différente : moins de levées spectaculaires, mais plus de deals stratégiques adossés à des acteurs établis.
Un marché plus sélectif mais toujours porteur pour l’Agritech et la Foodtech
Le cycle 2022-2024 a montré les limites de l’euphorie passée. Les investisseurs ne se contentent plus d’une vision ambitieuse : ils veulent des preuves de traction, de rentabilité et un ancrage dans les grands enjeux agricoles et alimentaires. Les startups qui réussiront à lever dans les prochaines années seront celles capables de parler le langage des investisseurs, de démontrer leur valeur sur le terrain et de s’appuyer sur des partenariats solides.
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Sources : DigitalFoodLab, KPMG, Agra, Les Echos, Apecita Media